Le patriarche œcuménique souhaite une organisation rassemblant catholiques, protestants et orthodoxes

 — July 20, 200920 juil. 2009

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Le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, “premier parmi ses pairs” dans la hiérarchie de l’Eglise orthodoxe, a appelé de ses vœux la création d’une organisation rassemblant anglicans, orthodoxes, protestants et catholiques romains.

“C’est seulement en dialoguant et en coopérant étroitement que les Eglises seront en mesure de proclamer au monde l’Evangile du Christ de façon convaincante et efficace,” a déclaré le leader orthodoxe dans une allocution prononcée le 19 juillet à Lyon pour marquer le 50e anniversaire de la fondation de la Conférence des Eglises européennes (KEK).

La KEK compte aujourd’hui environ 120 Eglises membres, principalement anglicanes, orthodoxes et protestantes, mais Bartholomée Ier affirme que l’Europe a besoin d’une organisation qui inclue aussi l’Eglise catholique.

Une telle démarche contribuerait à promouvoir l’unité entre les Eglises et leur permettrait d’agir en commun sur des questions qui touchent l’Europe, comme la sécularisation, les violations des droits de la personne, le racisme, la crise économique et les menaces qui pèsent sur l’environnement.

“Nous sommes convaincus qu’une Conférence de toutes les Eglises européennes – et nous soulignons, de toutes les Eglises européennes – peut, à l’unisson, répondre au mieux au commandement sacré du rétablissement de la communion ecclésiale et servir l’homme contemporain confronté à une multitude de problèmes complexes,” a déclaré le patriarche Bartholomée Ier, suscitant des applaudissements.

“Ainsi, il sera possible de promouvoir plus efficacement le dialogue des Eglises d’Europe avec les institutions européennes et l’Union européenne,” a affirmé le patriarche œcuménique, dont le siège se trouve à Istanbul, l’ancienne Constantinople, jadis capitale de l’Empire byzantin.

Le leader orthodoxe a demandé au cardinal Philippe Barbarin de Lyon, présent dans l’assemblée, de transmettre la proposition “là où il faut,” faisant manifestement allusion au Vatican.

Lors d’une conférence de presse, le 20 juillet, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la KEK, a qualifié l’interpellation du patriarche de “moment important dans la vie de la KEK.” Il s’agit d’un “double défi,” a affirmé le pasteur de Clermont. Selon lui, l’appel s’adresse non seulement à l’Eglise catholique romaine de la part du patriarche et de la KEK, mais aussi à la KEK elle-même, pour que celle-ci se montre capable de s’ouvrir “à cette collaboration avec l’Eglise catholique romaine.”

Le pasteur de Clermont a affirmé que la KEK et le Conseil des Conférences épiscopales (catholiques) d’Europe (CCEE) devaient réfléchir ensemble à “comment dire oui à un tel défi.”

Le président de la KEK a souligné que le patriarche avait insisté pour “élaborer et fournir une parole de tous les chrétiens dans la société européenne.” Il est important de ne pas “piéger” l’Eglise catholique romaine “dans une situation théologique qui n’est pas acceptable,” a-t-il affirmé.

Dans son discours à l’Assemblée de la KEK, le patriarche Bartholomée Ier a averti qu’en tenant des discours sur l’unité qui ne correspondent pas à leurs actes, les Eglises européennes perdent leur crédibilité.

“C’est pourquoi aucun ajournement ne saurait être justifié,” a-t-il dit.

“L’avenir de la nouvelle Europe en construction, sans les valeurs spirituelles chrétiennes qui touchent tout ce qui concerne le soutien et la protection de la personne humaine et de sa dignité, est sombre, voire incertain,” a ajouté le patriarche œcuménique.

Les célébrations du 50e anniversaire de la KEK ont eu lieu pendant l’Assemblée du rassemblement d’Eglises, qui se tient tout les six ans et qui se réunit cette année du 15 au 21 juillet à Lyon. Cet événement rassemble 300 délégués d’Eglises membres de la KEK et 500 participants supplémentaires.

Selon Bartholomée Ier, “le rétablissement de la communion chrétienne représente un devoir primordial et impératif qui nous incombe à tous.” Les traditions orthodoxe et catholique se sont séparées plusieurs siècles avant la Réforme du XVIe siècle et l’avènement du protestantisme.

Le patriarche de Constantinople a souligné les efforts réalisés ces dernières décennies pour surmonter les divisions, notamment avec la Charta Oecumenica, un document signé à Strasbourg en 2001 par la KEK et le CCEE avec pour intention d’encourager la coopération inter-Eglises.

Toutefois, beaucoup de propositions exposées dans la Charta Oecumenica n’ont pas été appliquées par les Eglises et de nombreux fidèles ignorent ses recommandations, a affirmé Bartholomée Ier.

“Il en résulte que nos discours s’avèrent ne pas être en adéquation avec nos actes, ce qui entame la crédibilité de nos Eglises et donne l’impression, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, qu’elles sont incapables de trouver des solutions aux problèmes existants.

En février 2008, le pasteur de Clermont avait proposé la création d’un Conseil des Eglises européennes qui inclurait également l’Eglise catholique.

A l’ouverture de l’Assemblée, Jean-Arnold de Clermont, pasteur protestant français, a appelé à prendre des mesures pour intensifier la collaboration avec l’Eglise catholique et avec les groupes évangéliques.

“Il existe déjà un processus de travail entre la KEK et l’Eglise catholique romaine, mais il est insuffisant,” selon le président de la KEK. “Le monde contemporain se moque de nos confrontations, il a besoin d’une parole commune des Eglises chrétiennes en Europe.”

L’histoire de la KEK remonte à janvier 1959, lorsque les représentants de 45 Eglises protestantes et orthodoxes de 20 pays d’Europe orientale et occidentale se sont réunis à Nyborg, au Danemark.

Pendant la guerre froide, la KEK s’est efforcée de combler le fossé entre l’Est et l’Ouest. Ces dernières années, le rassemblement d’Eglises joue un rôle actif en représentant les Eglises auprès d’institutions telles que l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

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